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2015 - Retour d’un "bivouac givré !!"

Bivouac givré !
Givré le bivouac, certes, mais mérité…
Depuis le temps que nous avions cette idée en tête avec Manu, après l’avoir rêvée, vécue, il était bien venu le temps de partager !
La météo a donné le jeu d’entrée… pas assez de neige… et ensuite trop de neige immobilisant les déplacements… mais entre deux, une magnifique fenêtre météo qui s’est installée le temps d’un week-end.
C’est donc avec un petit groupe que nous sommes partis fouler la poudreuse dans les forêts du secteur de Campan pour y passer deux jours de pleine nature !
Sac sur le dos, nous partons vers le lieu de bivouac repéré. La magie de cet énorme manteau neigeux qui s’est posé ces derniers jours, révèle une ambiance incroyable. La forêt de sapins que l’on traverse semble paradoxalement lourde de part l’épaisseur de neige qui s’est accumulée sur ses branches et à la fois d’une légèreté aux raquettes ne donnant aucun frein à la progression, sauf à celui qui fait la trace !
Nous jonglons dans notre marche entre forêts et clairières. Ce chemin de neige éphémère joue avec les courbes de niveau pour rendre l’approche la plus agréable, passant au pied de nobles arbres et croisant de temps à autre la trace de biches, renards, …, chacun inscrivant sa trace en fonction de son poids dans cette poudreuse.
L’arrivée dans une hêtraie est le signe que l’on approche de notre lieu de bivouac repéré ! Il fallait trouver de beaux sujets acceptant, le temps d’une nuit, quelques hamacs.
Le bivouac s’installe au pied de ce hêtre, majestueux, au milieu de cette clairière dominée par l’Arbizon. Des chrysalides se montent sous les consignes de Manu, la tente servant de camps de base aussi… Une zone d’habitat éphémère se crée, au rythme des derniers rayons de soleil, avant que le froid s’installe pour la nuit. Initiation grimpe arbre pour rejoindre son lit arboricole ! A l’image d’une pièce de théâtre, tout le monde répète un peu la chronologie de ses gestes pour monter et surtout rentrer dans le cocon, où il faudra enlever ses chaussures, les suspendre, garder son baudrier et basculer le mousqueton sur une sangle de vie, rentrer dans son duvet, et ajuster un ensemble de détails, avant de pouvoir se laisser porter dans le sommeil de cette nuit hivernale, en pleine montagne !
Une petite cabane à quelques pas de raquettes de notre bivouac nous attend pour passer le repas du soir au chaud. Une bonne flambée maintiendra la température à ma montre entre + 0 et – 1 !!
Le temps de quelques tartines d’apéro, une bonne garbure, … le froid enveloppe le massif. L’heure du départ se fait sentir, on s’équipe au chaud ( !!), frontales vissées sur la tête, nous partons rejoindre notre chambre à coucher sous une myriade d’étoiles. Les frontales s’éteignent pour le plaisir d’une marche de nuit sous le clair de lune. Nous arrivons à nos chambres, … les frontales marquent une agitation pendant une bonne demi-heure, le temps de monter le long de la corde et de jouer pour de vrai, tout ce que l’on avait répété dans l’après midi, histoire de s’installer pour passer une nuit dans les arbres, sous les étoiles, enveloppés dans ce paysage de neige.
La nuit s’annonce magique, le clair de lune illumine tous les massifs aux alentours, les jeux d’ombres s’activent autour de ces hêtres majestueux. Celui qui accueille nos hôtes le temps d’une nuit, a une silhouette improbable. Ces cocons ressemblent à des fruits qui pendent aux branches de l’arbre. Un petit souvenir venant de Madagascar s’installe dans mon esprit. Me revient l’image de ces baobabs avec ces fruits appelés « pain de singe ».
La nuit se déroule, certains se tournent, ou essayent, …mais le froid ne semble pas prendre le sommeil de notre petite équipe !
Au réveil, on prend des nouvelles de son voisin de branche, et puis petit à petit on commence à sortir de tête avant d’arriver à s’extraire totalement du cocon bien chaud… ( !!). Dehors il fait -8°, et le thermomètre aura marqué un – 11° dans la nuit !
Le soleil est vite au rendez-vous effaçant les brumes givrées du matin… Retour a la cabane pour le plaisir d’une bonne flambée au petit déjeuner et le partage de cette nuit perchée… Les sourires en disent long…
Randonnée sur les crêtes voisines, petite ascension pour le plaisir des yeux et celui d’une descente en forêt dans une poudreuse qui nous invite à s’y rouler !
Descente ensuite, les épaules alourdies par les sacs à dos, mais qu’importe, le poids des souvenirs effacera tout cela… et on n’est pas prêt d’oublier ce bivouac givré dans les arbres, où l’on a côtoyé, le temps d’une nuit la magie de la montagne hivernale !
Sébastien Carlier

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